dimanche 29 juillet 2012

I.C.U

Devant la poste de Saint-Émilion
Il est 17h. Nous sommes fourbus. Nous avons passé la fin de semaine à repeindre et réorganiser notre bureau. Mission presque accomplie. Mon beau Isaak doit venir fermer un mur, et on attend une nouvelle bibliothèque. Au moins c'est blanc et lumineux. Et moi je suis entrée au bercail. J'avais descendu mon bureau en bas l'hiver dernier, car j'avais besoin d'air. Et bien en bas c'était trop sombre. Et j'étais trop seule. Je suis remontée retrouver MA. Il est content et moi aussi.

J'ai eu envie d'écrire en écoutant cette chanson que j'ai découverte cet été.

Les filles seront de retour demain. Cette petite parenthèse a été très productive, en plus de nous avoir fait un grand bien à MA et moi. On a vu personne, parlé à parlé à personne et nous ne sommes sortis qu'à la quincaillerie. MA avait même coupé Internet pour être sûr qu'on ne serait que tous les deux. On pouvait être hors de tout en paix, car  je sais que les filles sont hyper bien avec Cousin et Cousine, MC et FB. Cela dit, j'ai hâte de les retrouver!

Hier soir, nous avons vu un film d'Anne Fontaine, Mon pire cauchemar, avec Isabelle Huppert, que je trouve si belle et qui me fait penser à mon amie Michèle. Notre vendredi soir a été occupé avec Les vents contraires, qui nous a remués. Alors samedi, on a fait plus léger.

Découvert aussi cet été: le bordeaux blanc, que je préfère au rouge. C'est ce que MA vient de m'apporter. Santé!

vendredi 27 juillet 2012

Simone


Banyuls, France

Quand j'ai rencontré MA, en 1995, je lisais La mort de Virgile, d'Hermann Broch. Tout de suite après, j'avais lu Mémoires d'une jeune fille rangée. Presque 20 ans plus tard, je suis à lire la suite: La force de l'âge. C'est passionnant de suivre le processus qui a accouché de Sartre et Beauvoir. En fait, c'est fascinant de voir ce qu'ils n'étaient pas et ce qu'ils sont devenus. Mais ce qui me plaît par-dessus tout, c'est sans nul doute de les suivre dans leur découverte du monde (mais je ne comprends rien à leur conception du couple, c'est pour moi du vrai charabia). En ce moment, Simone fait le même trajet que nous avons fait: elle est partie de Paris,  visite quelques châteaux de la Loire et se rend jusqu'en Espagne. Je revisite avec elle, avec ses yeux, des lieux vus. Par contre, elle a vu l'Andalousie, pas moi. Je ne crois pas avoir beaucoup de points communs avec Simone de Beauvoir, mais plusieurs passages m'éclairent et traduisent ce que je sens, surtout en voyage. Hier soir, ce passage m'a frappée:

Sartre avait autant de curiosité que moi, mais moins gloutonne. À Tolède, après une matinée diligente, il aurait volontiers passé l'après-midi à fumer sa pipe sur la place Zocodover. Moi, j'avais tout de suite des fourmis dans les jambes. [...] J'avais entrepris de tout connaître du monde et le temps m'était mesuré, je ne voulais pas gaspiller un instant.  [...] J'ignorais les demi-mesures; dans les régions que nous n'avions pas rejetées, par décret, au néant, je n'établissais pas de hiérarchies; de n'importe quoi, j'attendais tout: comment accepter de ne rien manquer? [...] "À quoi bon voyager? on ne se quitte jamais", m'avait dit quelqu'un. Je me quittais; je ne devenais pas une autre, mais je disparaissais. Peut-être est-ce le privilège des gens sans cesse en proie à des projets, que ces trêves où soudain le temps s'arrête, où l'existence se confond avec la plénitude immobile des choses: quel repos! quelle récompense!

Et il y a son besoin d'être seule, de marcher seule en randonnée, d'être dans le silence. Elle n'en souffre pas. À travers ses mots, j'entends mon boulanger de Coarraze  me dire: Plus on est nombreux, moins on est libres.

Parlant d'être seule, les filles partent cette fin de semaine et ça me fait un petit trou au coeur et une boule dans mon ventre. Leur valise est prête, on a fait le plein de câlins hier. Même ma grande Marguerite est venue se coller près de moi. Éléonore, elle, a chassé son papa de son lit et a dormi collée. 

Bon week-end!


jeudi 26 juillet 2012

Hôtel du cirque de Gavarnie, Béarn
Une amie lit ce blog, qui lui a fait penser à moi. Il y a plein de belles choses que j'aime, toutes choisies avec soin.
Je ferais des kilomètres pour les meubles.


Sur la photo, ma fille est moi en grande conversation. Remarquez le brouillard dans la fenêtre. C'était un bon moment, entourés d'animaux empaillés...

Les bienfaits d'une promenade

Cirque de Gavarnie, Béarn
Après avoir travaillé un peu, je suis allée marcher avec Éléonore. J'en ai profité pour aller visiter les moniales dominicaines histoire d'organiser le concert qui aura lieu dans leur chapelle pour la dernière fois puisqu'elles déménagent à Shawinigan - les chanceuses. Mine de rien, cela m'a fait du bien de parler avec la soeur prieure. On a parlé de Bach et des Stabat mater: elle a mis des mots sur les émotions que j'ai quand j'écoute Bach. Et elle m'a conseillé d'écouter Thomas Tallis. Ça tombe bien, j'avais envie de découvertes. Et puis elle m'a parlé des changements que la vie apporte, des deuils à faire. Son calme et son sourire m'ont fait du bien. C'est simple la vie. Me voilà de retour au travail.




Procrastination

Je procrastine. J'ai un tas de travail, la maison est un bordel, mon bureau déborde de papiers de toutes sortes dont je dois m'occuper... mais moi je procrastine. J'aurais envie d'aller marcher, de regarder pousser mes aubergines et mûrir mes tomates, de préparer de délicieuses recettes, n'importe quoi mais pas travailler!!! Que m'arrive-t-il?

Sur la photo, les filles et moi à San Sebastian, belle découverte.

lundi 23 juillet 2012

Revenir

Nous voici de retour depuis une semaine. Note à moi-même: dans le futur, mieux préparer mon retour. Cette année, revenir n'est pas facile du tout. Non, je n'ai pas envie de voir la porte de garage qui doit être remplacée, je n'ai pas envie de voir les galeries qui sont à refaire, le bureau à repeindre, bla bla bla. Me réinstaller dans ma réalité n'est pas agréable cette année. Cela dit, comme je ne suis pas une personne déprimée, je sais que je reviendrai à moi-même, mais cette année, c'est plus long que prévu.

Alors le truc est de nous réserver des moments agréables. Cette fin de semaine, nous sommes allés faire une petite randonnée d'une dizaine de kilomètres au parc du Mont-Tremblant, secteur Pimbina. Nous étions avec nos amis Jules, Diep et leur petit Éloi. Antoine, le grand parleur, n'était pas là pour nous raconter tous ses fabuleux exploits! Nous avons pique-niqué (oui, encore!!!) près de la chute-aux-rats. Mmmm, je pense encore à ma salade de betteraves que j'aurais dû prendre en photo tellement elle était belle et délicieuse: betteraves deux couleurs, oignons blancs doux coupés finement, estragon frais, basilic, persil, jus de citron, huile d'olive, sel et poivre. Le goût anisé de l'estragon frais se marie parfaitement avec la betterave. Et puis on avait des sandwichs au thon et quelques autres crudités.

Une fois la randonnée faite, nous avons relaxé près du lac - certains braves se sont baignés. Sur la route du retour, nous avons pris un petit café et des douceurs à la boulangerie St-Donat - leur pain noisette, chocolat, raisins est juste parfait! Un jour, nous nous y étions arrêtés avec les filles. Maintenant, il faut s'y arrêter chaque fois qu'on passe par là, cela fait maintenant partie des habitudes. St-Donat est un petit village très vivant, avec encore une âme, et pas encore surfait.

Hier, nous avons revu Ben et Marraine, que nous avions quittés à Asson. On a bu de la sangria assis à l'ombre du grand sapin de la cour. Le projet d'hier de MA était de faire de la sangria, ce qui fut fait... et bu. Le truc, c'est de chercher des moyens de prolonger l'esprit des vacances. C'est aussi important pour les filles, qui ont encore quelques semaines de liberté devant elles.

D'ailleurs, elles ont très hâte de partir au Mont-Tremblant cette fin de semaine avec cousin Émilie, cousine Justine, FB et MC. Un défi les attend cependant: monter à pied le Mont-Tremblant. Durant les vacances, toutes les randonnées que nous avons faites avaient pour but de les préparer à cette montée, qui n'est pas si facile...

Ils sont mignons les petits bonbons de la photo, n'est-ce pas? Chacun d'entre eux a un fin goût fruité. Je les ai achetés chez Rocambolesc, à Girona. Manger une glace dans ce petit endroit aux glaces hyper figurait sur les liste des choses à faire à Girona. Ces glaces sont l'oeuvre des trois frères Roca, connus pour leurs trois étoiles au guide Michelin. Histoire de ne pas faire un trou béant dans notre budget voyage, nous nous sommes rabattus sur leurs glaces, que nous avons dégustées assis ici à regarder les allées et venues des promeneurs et des pigeons.


vendredi 13 juillet 2012

Fermer la parenthèse

Aujourd'hui, nous avons pris la journée pour refermer tout doucement la parenthèse qu'ont été nos vacances. Les filles ont une certaine hâte de rentrer, mais elles ressentent un peu de mélancolie à l'idée de mettre fin à de si belles aventures.

J'écris de la chambre des filles. Le soleil filtre à travers les persiennes et un bon vent entre dans la pièce. Au loin, des enfants jouent et des chiens jappent.

Il est 19h19 ici. Notre dernier jour ici a été occupé à faire une promenade dans la ville. Nous avons visité les bains arabes et le musée du cinéma, qui raconte de façon ludique et interactive les début du  du cinéma. Les filles y ont trouvé leur compte, et nous aussi. La journée était douce, rigolote, tranquille. Quand les vacances tirent à leur fin, c'est le moment où chaque membre de la famille a trouvé sa place, où les filles sont complices, où MA et moi on peut se retrouver, ou on est bien ensemble, en équilibre.

Maintenant, nous nous reposons avant de sortir souper à 21h00. Nous irons à pied manger ici, c'est à 5 minutes de là où nous habitons. Ce repas au resto sera bienvenu après toutes les salades de pâtes et sandwichs que nous avons mangés! Les valises sont presque toutes bouclées, la maison est nettoyée, le lunch de demain est prêt. Bien oui, un autre lunch, car à l'aréoport de Barcelone, la nourriture n'est pas terrible, et ce qu'on sert dans l'avion, ça craint. Vaut mieux faire preuve d'autonomie.

Hier, nous avons profité d'une belle journée ensoleillée pour retourner à Calella de Palafrugel, mais avant d'aller nous plonger les pieds dans l'eau, nous nous sommes arrêtés visiter le Castell Gala Dali à Pubol. Comme on avait raté Dali à Figueres, nous sommes allés voir Gala. Plusieurs rêvent d'un château en Espagne, Gala en a reçu un de Dali! Pour rendre visite à sa femme adorée, il devait d'abord y être invité. Dali a décoré l'endroit, conçu les éléments du décor, et les plantes du jardin ont été soigneusement choisies par Gala. Rien dans cet endroit étrange et singulier n'a été laissé au hasard et rien n'a été fait sans l'accord de Gala. À sa mort, Dali a habité l'endroit, où il a créé ses dernières oeuvres.

Et puis nous avons gagné la mer. Je ne me lasse pas de la regarder. Éléo et moi avons exploré ce village de pêcheurs que le passage du temps n'a pas perverti. Leurs cabanes bordent encore les plages des petites criques, parfois occupées par des restos sympas, parfois par des familles que l'on voit prendre leur repas à une longue table. Éléo et moi cherchions donc la sole grillée. Un seul resto en avait au menu... À 16 heures, comme le soleil se cachait, nous avons décidé de déplacer nos pénates. Comme il était trop tôt pour souper, et que 20 heures était encore loin, nous avons décidé de rentrer à Gérone pour y trouver un resto, mais d'abord on devait faire le plein de grignotines apéritives à l'épicerie, si on ne voulait pas mourir de faim en attendant 20 heures. Dur, dur de se faire au rythme espagnol. J'ai l'impression que nous avions faim toujours trop tôt et pourtant, nous sommes réputés pour manger tard! Mais 19h00, c'est encore trop tôt pour manger ici.

Une fois à l'épicerie, exactement devant les aubergines, Marguerite me dit qu'elle préfèrait manger à la maison. Alors ce sera une ratatouille. Dieu merci, j'étais devant les aubergines et pas devant du boudin! C'est donc en parlant à mon amie Émilie sur Skype, que nous avons coupé nos légumes en tout petits morceaux pour que la cuisson soit moins longue. Et c'est en parlant à FB et MC sur Facetime que nous avons mangé cette ratatouille qui s'est avérée délicieuse accompagnée d'une bouteille de rosé de Collioure. Ce repas m'a fait oublier ma sole, qui n'aurait peut-être pas été à la hauteur...

Allez, la douche m'attend, le repas, le dodo et l'avion demain.

Éléo sait qu'elle téléphonera à sa grand-mère en arrivant dans sa jolie petite maison, comme elle dit, et qu'elle ira chercher sa chatte, Vanille. Et moi, et moi, bien je sais déjà que je ferai du lavage, des tonnes de lavage. Je pense à l'instant à mon petit potager, à mes fleurs, à mes fines herbes... Je suis déjà sur le chemin du retour.


jeudi 12 juillet 2012

Rendez-vous raté

Aujourd'hui, nous avons mis le cap sur Figueres, pour visiter le musée Dali. En arrivant dans la ville, nous avons stationné l'auto et avons rapidement trouvé un petit parc où nous avons mangé la salade de pâtes et les petits pains aux olives que nous avions apportés. Pour maintenir la santé mentale de tous en voyage, un mot d'ordre: ne jamais avoir faim.

Une fois rassasiés, nous avons vite trouvé le musée avec la longue file d'attente qui s'étirait sous un soleil de plomb. Ouf. Pas le choix de faire la file si nous voulons visiter le musée puisqu'il est impossible d'acheter les billets en ligne. Nous nous sommes mollement placés au bout de la file, mais quand MA a senti le monsieur qui nous suivait, il a décrété que ce n'était pas la fin du monde s'il ne visitait pas le musée! Bizarrement, dans cette file, plein de monde puait, c'était insupportable.

Nous avons regagné notre auto afin d'aller à Banyuls, en France. MA avait acheté du vinaigre de Banyuls et voulait aller voir de plus près de quoi il en retournait. Nous sommes donc allés lézarder sur la plage pendant un moment, le temps pour moi de lire quelques pages sous mon chapeau. Ce chapeau, c'est le meilleur achat du voyage. Grâce à lui, je suis en paix avec le soleil. Évidemment, je le porte sur la plage seulement, mais j'aime croire qu'il me confère une certaine élégance. J'aimerais tant vivre au temps des chapeaux et des gants, ceux que l'on porte, même en été. Mais là je m'éloigne.

Une fois le lézardage terminé, nous avons mangé quelques churros et nous sommes allés visiter le syndicat des vins de la région Sète-Collioure-Banyuls. Pas de chance, nous sommes arrivés un jour trop tôt: demain, les vignerons de la région y feront déguster leurs vins. Mais nous, demain, nous serons ailleurs. De là, nous avons traversé chez le producteur d'huile d'olive, chez qui nous avons passé un bon moment. Il s'appelle Olivier! Je n'ai pu m'empêcher de lui demander si c'était son vrai nom. Nous avons dégusté son huile, ses olives, et MA et Éléo ont goûté deux vinaigres de Banyuls. Nous sommes repartis avec quelques bonnes choses et une adresse de resto à Collioure, qui était malheureusement complet pour la soirée.

Marguerite voulait retourner à Collioure. Comme la dernière fois, le ciel était un peu grisou, mais c'était plus chaud. D'un côté de l'église, la mer est plus animée. J'aime bien cette écume et ce vent qui vient de loin. Je me tiens devant quelques minutes et je me sens bien. Et puis est venu le moment fatidique de devoir manger. Pour nous, trouver un resto relève de la haute voltige, d'où les pique-niques ou les restos choisis et réservés d'avance. Je ne pense pas que nous soyons compliqués, mais en ce qui a trait à la nourriture, j'avoue que ce n'est pas simple. Perso, manger un panini mou et des frites congelées me rend malheureuse. Manger un faux grand-bon repas aussi. Nous avons donc commencé notre recherche de resto avec appréhension. Nous avons quitté la foule pour explorer des rues moins animées. Mmm ça s'annonçait mal: que du toc ou des frites. J'ai bifurqué dans la toute petite rue Colbert. Et je suis tombée sur La cuisine, artisan traiteur. Je suis entrée et j'ai vu bonheur pour nos papilles: ratatouille, pois chiches au cumin, bombas de morue et sauce aioli, croquettes au fromage comté, poulet rôti aux fines herbes, moules, pommes de terre à la provençale et ça continuait. L'endroit est minuscule, le chef sympathique. Il nous prépare de petites barquettes avec du poulet et des pommes de terre. On ajoute les bombas de morue et les croquettes de fromage. MA se rend avec Éléo chez Féfé, le caviste du coin et revient avec deux verres et une bouteille de blanc de Collioure que le gentil caviste a débouchée. Nous nous installons ici et nous nous délectons. C'est le bonheur. Seigneur qu'on est bien. Les bombas de morue resteront gravés dans ma mémoire.

Aujourd'hui, nous retournons ici parce qu'on a tous aimé, parce que ce n'est pas clinquant et bling bling comme à Bégur - où nous avons mangé d'excellents tapas dans un joli petit resto slow food - ou franchement trop commercial comme à Roses. Où nous retournons, ça nous ressemble plus, c'est tranquille, pas trop bondé, les plages sont toutes petites, enfoncées dans de jolies criques, et personne ne tente de nous vendre des trucs sur la plages. Et puis l'eau est belle, et puis le soleil sous mon chapeau et puis la tranquillité. Mon but du jour est de trouver une sole grillée à manger.

Je profite de ces tous petits buts de rien du tout avant de revenir au travail lundi. Non, non, non. Pas envie. J'aime trop ces parenthèses que sont les voyages. J'ai un mal fou à m'en sortir.

mardi 10 juillet 2012

La vie est belle

Depuis samedi donc, nous sommes en Espagne, à Gérone. Nous avons donc quitté le gîte Berdoulat vers 11h00 pour conduire jusqu'en Espagne. Majorie nous accompagnait. Elle prendrait le train à Gérone, direction Barcelone. De là, elle part faire une croisière et par la suite elle poursuit sa route jusqu'en Autriche.

Avant de quitter la région, nous sommes allés saluer le boulanger et acheter quelques chocolatines pour la route. La femme du boulanger était au comptoir et elle n'avait plus qu'une seule chocolatine, qui sera destinée à Majorie. En revanche, ce matin-là, le boulanger béarnais avait préparé une spécialité alsacienne: le kouglof. La très gentille femme du boulanger nous a remis une bouteille de Jurançon pour accompagner cette délicieuse brioche aérienne. Je me suis étonnée que ce boulanger, un brin bourru, aux gestes larges et un peu sauvage, cuisine une si délicate brioche emballée dans un papier tout blanc que referme un ruban vert pomme frisé. Le contraste est frappant et touchant. J'ai tout de suite pensé au pâtissier poète Ragueneau dans Cyrano de Bergerac!

Nous avons dégusté le kouglof à la frontière entre la France et l'Espagne avec Majorie. Nous l'avons accompagné toutefois d'un café et non du vin de Jurançon, que je bois en écrivant.

Ici, la vie est douce. Gérone est une ville à échelle humaine. Notre appartement est neuf, hyper bien équipé et à distance de marche de la ville. J'ai l'impression d'habiter dans une campagne et d'être à la ville en marchant 15 minutes. L'effet est très étrange. Lorsque nous sommes arrivés, la propriétaire nous attendait.  Elle avait préparé pour nous des oranges, du pain, des bouteilles d'eau et des jus. C'est très sympa d'avoir le déjeuner sous la main. Ce genre de petites attentions fait chaud au coeur quand on arrive dans un endroit inconnu.

C'est la dernière semaine de nos vacances, et mon coeur a un peu de mal à quitter le voyage. Il me semble que je serais bien partie à l'aventure pendant un an. Peut-être quand MA et moi serons vieux, et que nos filles seront devenues indépendantes, nous ferons cela. Autant j'admire les gens qui sont ancrés et certains d'être là où ils doivent être, autant j'ai besoin d'explorer et d'aller en apprendre sur moi et les autres en étant ailleurs.

En ce moment, j'écris de la petite terrasse de l'appartement. Au-dessus de ma tête la vigne court, à ma droite des plantes grasses poussent dans des boîtes à fleurs. Quelques rayons de soleil se faufilent à travers tout cela. J'espère qu'ils sécheront les vêtements que j'ai mis à sécher... et nos serviettes de plages, qui retourneront demain s'étendre près de la mer.

dimanche 8 juillet 2012

Le dépassement

Vendredi, nous avons choisi d'aller admirer le pic du midi d'Ossau. Évidemment, il ne s'agissait pas d'escalader le pic, mais d'aller l'admirer des lacs d'Ayous. Encore une fois, cette randonnée nous avait été suggérée par notre boulanger. Une quarantaine de kilomètres séparaient notre maison d'Asson du lac Bious-Artigues d'où commençait notre randonnée. C'est équipés de notre pique-nique, de nos bouteilles d'eau et chaussés de nos espadrilles - qui avaient séché grâce au bon truc de Majorie: les fourrer de papier journal que l'on remplace par du papier sec au fur et à mesure qu'il s'imprègne de l'eau de nos chaussures - que nous sommes partis à l'aventure.

À l'office du tourisme, on nous avait dit que cette rando durait 5h30. Nous l'avons terminée en 6h30. ÉPUISÉS. D'abord, on monte en forêt, on enjambe des systèmes racinaires, on voit peu de paysages. Nos corps sont aussi fatigués des autres randonnées. Quand on pense que l'on doit marcher pendant 5h30, on peut se démotiver rapidement! À un moment donné, on débouche sur une vallée ensoleillée où paissent des vaches qui portent une petite clochette au cou. Je pense que c'est un bel endroit où pique-niquer. Nous nous installons sur des roches plates et sortons nos provisions. Il fait bon: le soleil brille, les clochettes des vaches tintent, des gens sont endormis un peu plus loin. Tout à coup, une vache décide de se déplacer, tout le troupeau suit. Seigneur, j'ai un peu peur des vaches - en fait, j'ai un peu peur de tous les animaux! Riez, c'est correct. Cela dit, Majorie n'est pas la meilleure amie des vaches non plus! Bref, on remballe nos victuailles et on se remet au travail. Une montée commence.

Je pars en avant rapido pour fuir les ruminantes. Je sais que les quatre autres me suivent. Et là, j'entre dans ma bulle, un peu comme durant un accouchement. Je suis seule dans ma tête et j'accepte la douleur que me cause cette marche qui ne finit pas. J'avance, je regarde mes pieds. Et là, le pic est devant moi. Une vallée s'étend à mes pieds. Sur un versant, à quelques kilomètres d'où je me trouve, un autre troupeau de vaches broute. Au loin, le son de leurs clochettes. C'est plus que beau. À ce moment-là, je me suis fait la promesse de revenir dans cette région. C'est comme écrit dans le ciel.

Il faut continuer. MA me crie au loin qu'Éléonore n'en peut plus. Je les attends et je prends la relève de MA. J'accompagne Éléo, l'encourage, lui parle, lui change les idées. On ne peut pas rebrousser chemin, car on a plus de la moitié fait - croit-on. Je lui parle de sa naissance. J'avais si mal que je voulais tout arrêter. Bien sûr, c'était impossible, il fallait que je continue pour qu'elle vienne. Elle a compris l'idée. Elle a crié très fort dans les montagnes et continué son chemin. Je ne sais pas d'où elle a tiré sa force. Pas du tout. Marguerite était avec Majorie. Ce n'était pas facile, mais leur discussion lui donnait de l'entrain. Et puis on s'imaginait que tout en haut on trouverait un bon café au lait et des chocolatines.

Et puis on a aperçu le refuge se dresser au loin devant nous. On était plein d'espoir. Je disais à Éléo qu'elle pourrait dormir un peu dans mes bras. Et on pensait à notre café... Et bien une fois au refuge, on a trouvé des toilettes propres, mais pas de café au lait que du filtre. On pouvait y entrer et commander quelques trucs. Une famille s'y était installée pour une semaine et offrait des services de restauration bénévolement. À notre arrivée, elle sortait du service du midi et semblait complètement dépassée par les évènements. Majorie a laissé faire sa crêpe, et moi j'ai terminé mon fromage et croqué une pomme.

Il fallait repartir. La température avait baissé. Le coeur n'y était pas vraiment. À ce moment-là, on ne savait trop quel bord prendre, car le sentier était peu ou prou balisé. Il y avait bien des roches marquées d'un mouton pour indiquer la route de pâturage, mais allions-nous suivre un parcours de moutons? L'autre sentier montait... encore. Nous, on voulait redescendre. Mes fils se sont touchés à ce moment-là. Pas question que je prenne un sentier qui menait on ne sait où, peut-être dans un autre refuge encore plus haut. Oh que non. J'en avais marre. Quand mes fils se touchent, je me suis rendu compte qu'il ne fallait pas m'encourager ou tenter d'être positif. Il faut me laisser dans ma façon très réaliste d'aborder la situation. À un moment donné, les fils décrochent et je reviens. Faut seulement me laisser 5 minutes. Éléo dit qu'on devrait couper mes fils. Ben oui.

On a donc pris le sentier qui montait. On y a croisé d'autres randonneurs qui nous ont confirmé que c'était la route pour redescendre. La descente a duré 3 heures. Trois heures de pression sur les genoux.
Je me répète je sais, mais je ne sais pas comment les filles ont fait cela. Marguerite était particulièrement fière d'elle. Elle n'a eu que deux minutes de découragement à l'idée que nous étions perdus. Sinon, elle a encaissé tout le travail.

J'ai même réussi à courir quelques minutes vers la fin. C'est plus facile de descendre en courant qu'en marchant. À notre arrivée au stationnement, il y avait plein de chevaux en liberté! Ils venaient nous voir, très habitués aux gens. Nous aurions pu faire la rando à cheval... mais je préfère me fier à mes jambes!

Au retour, dans l'auto, nous étions silencieux et épuisés. Encore une fois, nous avons soupé d'une pizza. J'étais incapable de cuisiner, ne serait-ce qu'un oeuf. Nous étions vraiment tous fiers d'avoir réussi cette randonnée. J'ai l'impression que la montagne procure de la confiance en soi. Je crois que l'expérience a été très formatrice et positives pour les filles.

Des photos de la randonnée sans fin, ici.

Le samedi marquerait le départ du Béarn. Snif. Je ne veux pas partir.

Aller au cirque

Le jeudi matin, lorsque nous nous levons, il pleut des cordes. Toute la maisonnée est là: Mirjam et Dirk vont récupérer leur pneu et remonter vers Bordeaux, MJ et Ben iront aux bains. Nous, nous persistons à partir visiter Gavarnie. Sur le pas de la porte, nos amis nous regardent quitter la maison sous la pluie. Ils nous trouvent un peu fous. Pas complètement fous, on prend des parapluies.

À Gavarnie, la dame de l'office du tourisme nous dit que la journée en montagne sera pluvieuse et couverte. Il n'y a rien à faire. On se dit que ce serait imbécile d'être là et de ne pas aller voir ce que le boulanger nous a chaudement recommandé. On ne sait pas ce qui nous attend, nous n'avons pas Internet, alors nous n'avons aucune idée de ce qu'est le cirque de Gavarnie, mis à part qu'il y a des chutes.

On part, on marche sous le ciel gris, mais il ne pleut pas. Preuve qu'il ne faut pas se laisser impressionner par la pluie et les nuages. En montagne, la température change rapidement. Dans le ciel, on voit même que le soleil veut se montrer à quelques endroits. Par contre, on ne voit pas tous les sommets qui nous entourent, certains sont cachés par les nuages.

Aujourd'hui, la marche est un peu plus difficile qu'hier pour Éléo. On l'encourage, elle continue. C'est un peu frais. Majorie se demande à quel moment on saura qu'on est dans le cirque. C'est vrai, on ne sait pas, on marche sans indications. Seul le sentier qui s'étend devant nous guide nos pas. Jean-Luc, le boulanger, nous avait donné le temps de marche. Comme nous n'avions pas Internet, le boulanger était notre seule source d'information ainsi que le service météo que nous pouvions appeler.

Éléo a très faim. Je laisse donc aller Marguerite avec Majorie pendant que MA, Éléo et moi mangeons nos sandwichs assis sur des roches près d'un ruisseau.

Nous reprenons notre marche pour rejoindre les deux filles au cirque. Un gros nuage nous suit littéralement. Et puis tout d'un coup, nous voyons cela. Nous sommes dans le cirque. C'est grandiose, magique, monumental. Je comprends le boulanger de ne pas vouloir quitter ce pays pour rien au monde. Nous descendons jusqu'au pied des chutes pour aller toucher aux neiges éternelles. Le paysage est presque lunaire. C'est très très impressionnant, voire inquiétant.

Nous prenons un café dans le petit resto face au cirque. Le chien de la place vient nous voir. Lorsque nous sortons du café, nous sommes dans une purée de pois. On ne voit plus rien, le cirque et ses chutes: disparus. Nous avons été très chanceux de voir ces paysages, car maintenant il n'en reste rien!

C'est sous une pluie torrentielle que nous redescendons pendant environ une heure - nous avons des parapluies. Cependant, les troupes sont de bonne humeur. Nous sommes vraiment heureux d'être allés jusque-là. Nos chaussures et nos pantalons sont mouillés, mais nous avons le sourire aux lèvres. À l'auto, je tords littéralement mes chaussettes. Vite on allume le chauffage.

À Coarraze, je m'arrête acheter du pain chez le boulanger. Il savait que nous rentions de Gavarnie. Les nouvelles vont vite! Mirjam et Dirk lui avait rendu visite le matin. Il semblait étonné de voir que nous avions bravé le temps pour nous y rendre. Il semblait aussi fier. Il m'a dit de lui téléphoner si nous revenions dans la région, qu'il nous préparerait des randonnées. Sur ces mots, il m'a remis un papier dans lequel il emballe son pain. Voilà, il faut me téléphoner, je n'ai pas d'ordinateur et tous ces machins. Par contre, j'ai une bonne cave, de bonnes conserves et une belle bibliothèque. Et bien je crois qu'il a l'essentiel. Et puis il m'a raconté qu'il avait escaladé les chutes, qui sont gelées en hiver et qu'il avait perdu beaucoup de copains dans les montagnes. Pour les Béarnais, la mort est une éventualité acceptée. C'est comme ça, qu'il a dit.

Le lendemain nous attendait l'inattendu: le lac d'Ayous et le pic du midi d'Ossau.


Le Béarn

Nous voici arrivés en Espagne, à Gérone. Hier, samedi, nous avons quitté la maison d'Asson. C'est difficile de quitter un endroit que l'on a aimé.

Les Pyrénées m'auront permis de découvrir que j'aime la montagne. La montagne, elle, m'aura permis de découvrir des choses sur moi-même et sur ma famille, notamment que mes filles sont fortes et que l'on est uni même si chacun d'entre nous a sa bulle.

Cette semaine dans les Pyrénées aura été une retraite à la campagne. Ça m'a fait un bien immense. À la suggestion de notre boulanger, qui fut sauveteur en montagne et qui connaît sa région de fond en comble, nous sommes allés marcher jusqu'au lac de Gaube à Cauterets. La veille, nous avons préparé notre pique-nique pour être prêts à partir à 9h00. À Cauterets, nous nous sommes arrêtés prendre un petit café, acheté un pantalon de plein-air à MA et un polar à Marguerite. Ce n'est pas chaud en montagne. C'est parfait ainsi, car marcher sous un soleil de plomb serait désagréable.

Les troupes sont courageuses, on monte, on monte pendant deux bonnes heures. On s'arrête parfois pour souffler, pour boire, pour manger un fruit ou juste pour nous dire: Dieu que c'est beau, que c'est grand, qu'on est petit. Le lac de Gaube nous attend, comme une récompense. On s'installe pour pique-niquer sur des roches près du lac. Majorie sur sa roche, MA et Marguerite sur une autre et Éléo et moi sur la nôtre. Les pique-niques en montagne sont les meilleurs je crois. En tous cas, pour moi, ils n'ont jamais été aussi bons!

Ensuite, c'est la descente qui doit s'amorcer. Une autre récompense nous attend: le pont d'Espagne. La chute qui descend provient de la fonte des neiges au sommet des montagnes. C'est rempli de vigueur, presque épeurant.

Cette journée-là, nous la finirons aux bains du Rocher à Cauteret. Il est quasi impossible de visiter les Pyrénées sans faire un arrêt aux bains bulles comme ils disent dans le coin. Quand nous avons pénétré dans l'eau, nous avions des visages d'imbéciles heureux, vraiment. Après les efforts consentis le matin, se plonger dans les eaux chaudes et les bulles procurait un bien-être hors du commun. On a bien rigolé en essayant tous les jets et tourbillons qui s'offraient à nous. Et on a relaxé, étendus dans la piscine extérieure qui a vue sur les montagnes. C'est tellement beau que c'est presque indécent. Éléonore a décrété que c'était sa journée préférée des vacances. Après, elle ne pensait qu'à retourner aux thermes. Tout le monde était heureux et satisfait.

Retour à Asson où nous avons dévoré une pizza achetée en route. Après une telle journée, pas question de cuisiner. Nous ne voulions qu'une chose: aller au lit pour nous relancer le lendemain à la découverte d'un autre lieu, le cirque de Gavarnie.

Le marché de Nay



À la suggestion des propriétaires de la maison, nous sommes allés visiter le marché de Nay, petit village à quelques kilomètres seulement de la maison que nous habitons. 

Avec Dirk et Mirjam, on s’entasse tous dans notre auto, car il manque un pneu à leur auto. Au marché, on se donne rendez-vous au café de la place un peu plus tard. Chacun a ses choses à acheter pour le couscous de ce soir. De notre côté, on achète des samosas et du riz indien pour notre repas du midi. Tout était préparé sur place et très frais. Si on avait voulu, on aurait pu faire affûter nos couteaux, acheter des vêtements,  garnir notre discothèque de cassettes des années 80,  acheter des fleurs pour nos plates-bandes et des poules vivantes que nous aurions peut-être pu ajouter à notre couscous!

Au café de la place, nous avons pris un café pendant que les filles bouquinaient à la librairie d’à côté.
Nous sommes entrés manger à la maison. Ensuite, nous avons lézardé – avec les lézards – sur les chaises longues de la cours. Le ciel était dégagé. Les Pyrénées libres de tout nuage. Les neiges éternelles visibles.

À 14 heures, nous avons mis cap vers Pau. En route, nous avons déposé Mirjam et Dirk chez le garagiste, qui leur a prêté une Mégane disons… sympathique dans l’attente de leur pneu! Vers la fin de l’après-midi, nous avons retrouvé Majorie à la gare de Pau et nous sommes entrés préparer notre coucous.

MA a fait grillé les merguez et le poulet sur fond dePyrénées. Il était heureux je crois.

Le soir, nous avons mangé dehors avec Mirjam, Dirk et Majorie. Le couscous avait un goût de vacances, de bien-être et d’amitié. Un goût à jamais rattaché à cet instant.

jeudi 5 juillet 2012

Un détour par San Sebastian, Espagne


Le lundi se lève. Un voile de nuages cache encore les Pyrénées. Par contre, nous voyons poindre dans le ciel des parcelles de soleil. Ce matin, nous allons vers St-Jean-de-Luz, en pays basque. Marraine et Benoît décident de nous suivre. On se rencontrera peut-être là-bas. Mirjam et Dirk iront visiter Lourdes. Mirjam aime bien visiter les sites catholiques : elle en profite pour acheter des médailles de saints. Étant donné que les protestants n’ont pas de saints, ils empruntent les nôtres, héhéhé. 

Avant de prendre la route, nous sommes retournés voir notre boulanger sympathique. Nous avons pu piquer une petite jasette avec  sa mère, qui nous a parlé de son petit-fils, Boris, qui est à Montréal, où les gens l’ont si bien accueilli. Nous avons acheté des pains encore tout chaud, des croissants et des chocolatines, que nous avons mangés en regagnant notre auto.

Nous avons pris la route direction St-Jean-de-Luz. Alors qu’on y était presque, on a décidé d’aller dîner à San Sebastian, en Espagne. Je voulais aller voir la baie de la concha, alors nous nous sommes dit, c’est le temps où jamais puisque nous étions à 25 kilomètres seulement! Ce genre d’imprévu ne plaît pas du tout aux filles qui préfèrent toujours s’en tenir aux plans initiaux, tandis que MA et moi on aime bien avoir la liberté de changer d’idées et d’emprunter d’autres chemins. Vu qu’Éléonore n’a plus le droit de s’opposer à des sorties sous peine de perdre des points (on a une petite entente), elle n’a rien dit, mais ses yeux parlaient pour elle!

Une fois à San Sebastian, nous sommes tombés illico sur un petit bar à pintxos  dont le comptoir était rempli de mignons tapas : MA et Marguerite ont opté pour des sandwichs au jambon serrano et poivron vert grillé, Éléo et moi, une tortilla de patatas et des patatas bravas pour tout le monde – je vous rappelle que je vis une histoire d’amour avec les pommes de terre. Une fois notre faim calmée, nous avons pu déambuler dans les  rues étroites  de la ville. Oh ! qu’elle est mignonne cette ville avec tous ses petits café qui semblent tous plus accueillants les uns que les autres!  Les fenêtres donnant sur les rues étroites sont décorées de fleurs. Parfois, les habitants des lieux se penchent à la fenêtre pour observer l’action de la rue.

Ce petit moment passé dans cette ville basque m’a rappelé Barcelone. Finalement, Éléo a admis qu’elle aimait bien sa promenade. Son sourire est revenu.

Sur la route du retour, nous nous sommes arrêtés à St-Jean-de-Luz, comme le suggérait la femme du boulanger. Éléo et moi sommes allés tremper nos pieds dans l’océan pendant que MA et Marguerite marchaient haut. St-Jean-de-Luz a un charme suranné touchant. On sent qu’elle a eu des jours plus fastes, mais qu’elle a encore beaucoup à offrir. Dans le port, nous nous sommes attablés à un café, histoire de prendre quelques  rafraîchissements.

Et il fut temps de partir. À la maison nous attendait un succulent souper préparé par Dirk et Mirjam : tomates farcies, pâtes aux courgettes et pour dessert un panna cotta à la confiture d’abricots cuisinée l’après-midi. Je crois que le plus cadeau à me faire est certainement de m’offrir un repas maison!
Le soir, nous sommes allés visiter les chèvres qui broutent avec passion pas très loin de notre maison et admirer les montagnes qui nous entourent.

Oups, l’auto de Mirjam et Dirk a une crevaison. Vite, on appelle le garagiste d’Asson. Il enverra quelqu’un demain matin…

Vers le Béarn


Nous profitons de la connexion Internet d'un café de Luz St-Sauveur pour nous brancher. Nous sommes sous la pluie aujourd'hui, mais nous irons quand même voir le cirque de Gavarnie.

Les photos viendront plus tard.
 
Samedi, nous avons roulé jusqu’à Asson, petit village du Béarn.  Le soleil brillait, mais la chaleur n’était pas écrasante. En chemin, nous nous sommes arrêtés à Sauternes goûter des… Sauternes! Il n’était pas encore midi… mais tant qu’à être là, goûtons! Marguerite a fait une découverte.
Nous avons pique-niqué à un arrêt routier. Monique avait fait des sandwichs pour les filles. MA et moi avons picoré. 

Une fois au gîte, les propriétaires étaient là en train de préparer les lieux pour notre arrivée. Nous avons déposé nos valises et sommes repartis faire les courses pour le lendemain. Le samedi, il vaut mieux faire le plein de tout, car le dimanche tout est fermé ou presque. Le dimanche, les gens prennent le temps de vivre. J’aimerais bien adopter cette façon de faire une fois à la maison. Je me rends compte que c’est reposant de passer un dimanche tranquillement à la maison à jouer au scrabble et à préparer  une petite minestrone. C’est bien la première soupe que je prépare en voyage. C’est qu’ici, voyez-vous, ce n’est pas très chaud. Ouille, heureusement que j’avais pris des vêtements chauds. Le temps est gris, la pluie tombe par intermittence. Le soleil se pointe bien timidement.
Notre gîte est une maison qui date de 1822. Nos hôtes l’on achetée en 1999 et ont mis quelques années à la retaper. L’escalier ainsi que le plancher du deuxième étage sont d’époque. Le plancher est fait de larges lattes de bois à travers lesquelles on peut voir au premier. Ça craque de partout. Nous avons une vue sur les Pyrénées, dont les sommets sont dans la brume pour le moment. Dehors, pas d’âmes qui vivent, sauf les vaches dont on entend les clochettes au loin. La nature est luxuriante.
Lorsque nous sommes arrivés au gîte, les proprios étaient là, les fenêtres et les portes toutes grandes ouvertes. Je ne vous dis pas le carnage de mouches que nous avons fait. C’était terrible. Ce matin encore, nous avons dû en tuer des dizaines et des dizaines avant de déjeuner. Ensuite, nous sommes allés nous équiper : tapette à mouches, rouleaux collants. On les eues. Cependant, on doit garder les fenêtres fermées pour éviter une autre invasion. C’est fou comme j’apprécie les moustiquaires!
Samedi soir, nous n’étions que nous 4 dans cette trop grande maison. Après la semaine passée avec le reste de la famille, c’était du coup trop tranquille. Nous avons soupé et ensuite nous avons regardé un peu de télé collés tous les quatre.

Dimanche matin, nous avons – tué des mouches – déjeuné et nous sommes partis à la recherche du boulanger de Coarraze, monsieur Basse-Cathalinat, qui fait, paraît-il, les meilleurs croissants. Il est bien caché, mais nous l’avons trouvé, dans sa cour. Pas de chance, le dimanche est son jour de congé. Il s’est approché de nous avec sa femme, croyant que nous étions Belges! Et bien non, nous sommes Québécois. À ces mots, son visage s’est fendu d’un sourire. Mon fils est à Montréal, a-t-il dit. Et la fille de sa femme a fait son post-doc à Montréal aussi! Il nous a invités dans sa cour pour qu’il puisse nous recommander des activités dans la région, qui selon lui, est la plus belle du monde. Le Béarn a des velléités indépendantistes, et le boulanger est un sympathique chauvin! Il nous disait que ça ne valait pas la peine d’aller visiter le pays basque, tandis que sa femme, à moitié basque, nous disait qu’il fallait absolument voir St-Jean-de-Luz! Nous sommes donc repartis de là sans pain, mais avec toute une liste de choses à faire!

Et vous savez quoi? C’est ce boulanger béarnais qui a formé le boulanger qui a fondé le Fromentier à Montréal!

Ben et Marraine sont arrivés tantôt. Ils on pu manger une minestrone toute chaude, ont déjà émis quelques critiques à l’égard de leurs draps, et moi j’ai déjà érigé ma barrière protectrice. Je me rends compte qu’en vacances, surtout des vacances pour lesquelles j’ai durement travaillé, des soirs et des fins de semaine, je suis très très très – à outrance peut-être – protectrice de ma paix. Je ne veux pas de chicanes, je ne veux pas de tensions et  je veux que les personnes qui m’entourent soient le plus indépendantes possibles. Bref, je suis un peu tête de nœuds!

Nous attendons Dirk et Mirjam qui arrivent des Pays-Bas. Mardi, nous irons chercher Majorie à la gare de Pau.