mardi 12 juillet 2011

Vu


Des parcs de maisons mobiles où chacun a son pick-up truck garé dans la minuscule entrée.

Des entrepôts à louer. Achetez et entreposez.

Des autos abandonnées le long des routes.

Des villes quasi désertes.

Des villes vides de tout ou trop pleines de tout.

Des pubs pour Jésus, surtout dans les quartiers pauvres. Jésus est la voie et la vérité. Si je crois les messages que les églises affichent, nous irons en enfer et notre famille est vouée à l’échec, car nous ne prions pas ensemble. Bref, ça va mal.

Huit églises en sept minutes. La route est littéralement truffée d'églises.

Des prisonniers vêtus d’habits rayés vert et blanc travaillant dans une ferme le long de la 95.

Des panneaux routiers mettant en garde contre le viol, contre l’avortement, annonçant des avis de recherches pour des crimes non résolus et nous exhortant à nous assurer.

Un vétéran de je ne sais quelle guerre quêtant à une intersection : le regard vide, sa carte de vétéran attachée au cou par un lacet de plastique.

Des hommes tenant des pancartes annonçant des soldes : ils étaient là le matin et on les retrouvait au même endroit à 17h00. Sous 33 degrés.

Un homme vocifère en tirant sur ses dents. Il est 10h du matin. Le soir, on le retrouve engueulant un poteau.

Un vieil homme dormant sur une chaise devant un commerce. Ses avoirs l’entourent. Il porte des sacs aux pieds.

Une femme échevelée tire une énorme valise déformée sur une rue bordée de pawn shop.

Une femme quête de l’argent au volant de son 4x4 dans un poste d’essence.

70 000$ et plus d’autos garées devant des maisons qui valent à peine 30 000$ et pour lesquelles je n’en donnerais pas 15.

Des fenêtres et des portes grillagées.

Des déchets le long des trottoirs.

Des autos et des maisons au luxe ostentatoire. Des maisons trop grandes, trop grosses, trop laides. Quelques rares au charme, à la beauté et au luxe discrets.

Des yachts plus gros que les maisons près desquelles ils sont mis à l’ancre.

Absence totale de bacs de récupération.

Les gens qui laissent tourner leur moteur. Je ne m’y suis pas habituée.

Les Sud américains, les cubains et les noirs dans les emplois de service peu rémunérés.

Les couverts jetables et la malbouffe.

Des super centres W******t dans les quartiers pauvres.

Des saucisses marinées pour 15$. Envie de vomir incluse dans le prix.

Je ne serai jamais pour un État non interventionniste. Je le savais. Ce voyage l’a fermement confirmé.

Je ne pourrai jamais vivre dans un endroit où le clivage social est si grand.

Je ne pourrai jamais vivre dans un endroit où les riches jettent leurs richesses au visage des pauvres.

Je ne pourrai jamais vivre dans un endroit qui manque de nuances.

Je ne pourrai jamais vivre dans un endroit fait de ghettos.

Heureusement, la Floride et les États du Sud ont l’océan.

Éléonore a une petite ardoise sur laquelle elle écrit et qui nous permet de jouer au bonhomme pendu ou d’écrire des mots en anglais. Marguerite lui dit d’écrire la citation suivante, de Lavoisier : Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. Éléonore s’exécute et signe : citation de Lavoisine. Héhéhé, on a bien rigolé.

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