jeudi 2 juin 2011

Bouleau mort


Lorsque nous sommes arrivés ici en 2006, il y avait sur le terrain un bouleau dont la mort était imminente. Je ne pouvais me résoudre à abattre un arbre, même mort. J'ai donc pris le temps de réfléchir avant de l'abattre. Il est resté un an tout chétif, à moitié feuillu devant la maison. Tout le monde me disait de m'en défaire, de la couper, de le brûler, bref de le faire disparaître. Je réfléchissais.

Depuis toujours, j'aime ces arbres morts dans lesquels une plante grimpe. Je trouve que c'est poétique. C'est comme si on offrait une seconde vie à l'arbre, ou un compagnon à une plante.

Sur les conseils de S., l'amoureux de mon amie J., je me suis enfin décidée à faire abattre mon boulot de façon à conserver un tronc d'environ 2 mètres, tronc sur lequel grimpe et fleurit maintenant un chèvrefeuille aux fleurs... jaunes. J'ai consenti une petite touche de couleur.

Depuis, mon bouleau, même à moitié abattu et couvert de chèvrefeuille, continue de faire parler de lui. Marguerite aimerait le faire disparaître, car 'c'est-vraiment-bizarre-une-moitié-d'arbre-mort-personne-n'a-ça-juste-nous' (juste nous, c'est parfait! C'est un bon argument pour qu'il reste). Même mon assureur s'en est mêlé! Alors que je l'avisais de je ne sais plus quoi, il m'a dit: Est-ce que je peux te poser une question personnelle? Euh, oui, lui ai-je répondu. Ben, pourquoi tu gardes une moitié de boulot sur ton terrain? Wow, j'étais sciée! Je réalisais que l'on nous observait! Go get a life aurait dû être ma réponse. Mais je suis gentille, je lui ai tout expliqué. Il ne m'a pas semblé convaincu. Et chaque année, j'ai un voisin qui en rajoute et qui me dit: Yé mort! Ben oui, je le sais qu'il est mort. C'est la plante qui est vivante!

2 commentaires:

  1. Je te comprends tellement! Nous c'était un grand pin et on ne pouvait pas tergiverser longtemps: il aurait pu tomber sur un mélèze qui aurait pu tomber... en plein sur notre salon! J'ai voulu sauver un bon bout de souche pour en faire une sculpture ou quelque chose du genre. L'Homme, en apprenti-bûcheron, m'a rétorqué que quand on coupe, on tente d'enlever autant que possible, gnagnagna. Des bouleaux poussaient pratiquement à même le pin (autre signe de sa décrépitude avancée) et ne pouvaient être sauvés: si on coupait le pin, ils partiraient aussi.

    Finalement la chose a été coupée au sol... et ça s'est révélé une bonne chose: la souche était attaquée par les insectes et une sculpture n'aurait pas duré longtemps. Mais, surprise: au pied du grand pin poussait un minuscule rejeton, qui a l'air de l'arbre de Noël de Charlie Brown mais qui en viendra, avec le temps, à prendre la place de son parent. Bonheur!

    Pour ce qui est d'être observés... ouf. Oui. Qu'on le veuille ou pas. Et pourtant notre terrain n'est pas si "public" que ça. Mais les questions qu'on me pose parfois me font comprendre que peu de gestes échappent aux gens d'ici! Et les choses sont interprétées aussi! Quelqu'un m'a dit "la maison avec les clôtures à l'entrée" et j'ai trouvé ça rébarbatif. Depuis je songe à modifier bien des choses! Mais elle a poursuivi "avec les belles fleurs devant" et ça m'a rassurée: mes efforts comptent pour les autres... aussi! :-)

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  2. C'est vrai que nos efforts comptent aussi pour les autres. L'épouse de mon voisin qui me rappelle que mon arbre 'yé mort' m'a dit apprécier l'arbre aux jolies fleurs blanches que nous avons planté (j'oublie le nom de l'arbre). Ça m'a fait plaisir d'entendre cette vieille dame me dire cela. Cela dit, je suis toujours étonnée de réaliser que les gens 'sont au courant' alors que nous n'échangeons avec presque personne!

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