mardi 19 février 2013

Bon, bon, bon

Route vers Gavarnie, © MAB 2012
Un autre chemin sur la photo. Ces temps-ci, je suis dans la métaphore de la route, du chemin, de la voie. Je ne sais pas encore où cette route me mènera, mais j'avance, un pied devant l'autre.

Je me souviens, quand nous avancions sur ce chemin rocailleux, en route vers le Cirque de Gavarnie, le temps était gris, un petit crachin nous accompagnait. Majorie m'avait dit: Comment saurons-nous qu'on est là, qu'on a atteint le but? Mmm, je dis, j'ai l'impression que ce sera tellement beau que nous saurons. Sur la route, aucune indication. Il faut juste faire confiance à la personne qui nous a indiqué la route, à la personne qui nous a dit que la destination sera magnifique et qu'elle vaudra le crachin, le sol rocailleux, l'humidité et l'effort.

Je me sens ainsi, j'avance, en me disant que ma destination en vaudra la peine. Je fais confiance.

Mon nouveau travail a commencé hier. Franchement, si ce n'était que le bureau est loin de chez moi, la perfection serait totale. Je sens que je vais aimer: aimer les projets, aimer mon patron et mes collègues. Un bouquet de roses (blanches! en plein dans le mille) m'attendait hier au bureau. Cette attention m'a touchée. Les gens sont affables, passionnés, sympathiques et souhaitent le bien-être des autres. Bon, maintenant, c'est à moi de jouer: je dois être compétente, efficace et brillante - idéalement.

La semaine dernière, je l'ai passée à m'occuper de mon papa qui a été hospitalisé, car il a subi une opération au genou. Rien de grave, bien sûr. Mais ces situations fragilisent tout le monde: mon père en premier, ma mère et bien sûr, moi, qui me sens encore parfois encore comme sa petite fille. Inverser les rôles n'est pas dans l'ordre des choses. Voir mon père dans sa petite jaquette bleue m'a fendu le coeur. Lui si fort dans mon souvenir semblait avoir peur... un peu. Il ne l'a pas dit; je l'ai juste compris. Toute la semaine, mes frères et moi nous sommes relayés à l'hôpital. Ce qui nous unis et nous permet de traverser ces moments: le rire et l'humour. Parfois, on a ri aux larmes autour du lit de notre père. Lui, il semble s'amuser de nous voir rire comme des bossus. Mon père est entré à la maison vendredi. Je lui ai lavé les cheveux et nous l'avons installé dans sa maison. Il semblait bien et heureux d'être avec nous. Je l'ai coiffé, comme quand j'étais petite. Mon père, ce grand homme, fort comme un boeuf, tout noueux et silencieux, se laissait faire toutes sortes de coiffures par moi et se laissait maquiller sans bouger, sans dire un mot, sans dire qu'il devait aller faire çi ou faire ça. Encore aujourd'hui, il se laisse faire. Il me fait confiance.

Mercredi, j'ai eu envie de prendre une journée seule avec les filles, avant de commencer ce que j'appelle ma nouvelle vie. Éléo n'a pas voulu venir à Montréal, j'y suis allée seule avec Marguerite. Ma foi, ça nous a fait du bien à elle et moi, d'être ensemble, de parler, de rire, de faire du lèche-vitrine aussi. À la demande de ma grande, nous sommes allées manger chez SoupeSoup, au resto de la rue Wellington. Le repas était bon, mais ce n'est plus ce que c'était - nostalgie ici du petit boui-boui de la rue Duluth. Les portions sont riquiquis. Que dire de mon grilled-cheese préparé avec du pain blanc tranché et du fromage suisse en tranche - aussi - le tout agrémenté d'une compote d'oignons que j'ai dû chercher dans le sandwich? Et ma chaudrée de maïs? Rien à voir avec celle-ci. Celle qu'on ma servie était plutôt claire et quelques pelures de pomme de terre flottaient à sa surface. Rien pour appeler sa mère. Me semble que c'est indigne du SoupeSoup. Pour 31,00$ à deux, on s'attend à un peu plus. En fait, on s'attend à ce que c'était avant! Les choix de Marguerite étaient plus heureux: une minestrone bien fournie en légumes et un chili dog végétarien - sans saucisse - bien dodu, qu'elle a englouti en moins de deux. On a bien ri en textant des trucs rigolos à MA.

L'après-midi fut occupé à flâner au centre-ville et à essayer des souliers, des bottes, alouette. On avait du temps pour perdre notre temps, c'est un luxe. J'ai enfin craqué pour mes Hunter, que je regarde depuis au moins deux ans sans jamais passer à l'acte. Enfin, je me sens en peu comme faisant partie de la monarchie britannique! Hahaha! Quand on me connaît, on sait bien que je ne suis pas monarchiste!


Nous avons terminé notre journée au musée McCord pour visiter l'exposition de Mimmo Jodice, chaudement recommandée par mon amie Diane. Ce photographe napolitain a parcouru le monde et a rapporté de magnifiques photos des grandes villes qu'il a visitées, dont Montréal. Ce voyage à travers les épreuves argentiques de ce photographe aux cheveux tout blancs m'a fait du bien. La lumière et les flous de ces photos sont magnifiques et touchants, en plus de donner envie de s'acheter un billet d'avion et de partir n'importe où! Marguerite a particulièrement aimé une photo de São Paulo, et moi ce sont les photos de Venise qui m'ont touchée. Ces villes, libres d'humains, sont comme autant de nus qui s'offrent à nous. Mimmo Jodice tente de saisir le temps suspendu, un peu comme Virginia Woolf dans ses écrits. Trop court moment avec ma grande.

Le temps. Il passe trop vite, je n'arrive pas à le suspendre...

Notre arrivée à Venise, en 2010. Elles étaient petites, mes chouchounes!

5 commentaires:

  1. Les roses blanches... on dirait que tu as trouvé ta place!

    Et quand je te lis, Élise, le temps n'est peut-être pas suspendu, mais il ralentit. Tes mots sont posés, pas à pas, et tu réussis à faire prendre le temps au temps. Du moins moi je le sens!

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  2. C'est fou qu'elles aient été blanches ces roses. Pour moi c'était un signe!
    Merci de passer me lire. C'est touchant d'être lue...

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  3. Je suis d'accord avec vieuxbandit... Le temps se suspend quand on te lit.
    Il le dit si bien.
    alors je me tais!
    :)
    Je vais aller au musée moi aussi, voir ces photos... Tu m'inspires Élise!

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  4. Bonne idée, Julie! Tu m'en reparleras! Cependant, l'expo est un peu courte, j'en aurais plus!

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